Questions sur l’avenir du télétravail
Pratique marginale avant la crise sanitaire, le télétravail s’est installé dans le quotidien des salariés français durant les phases de confinement. Mais une fois sortie de la crise, quel sera le devenir du télétravail ? La délégation à la prospective du Sénat a organisé une table ronde réunissant plusieurs experts pour éclaircir le sujet. Elle a tenté d’imaginer l’avenir du télétravail dans les quinze prochaines années à travers 8 questions.
Serons-nous tous télétravailleurs en 2050 ?
La réponse est explicitement négative. En effet, même si le télétravail a connu une croissance exponentielle depuis la crise sanitaire, seulement une petite fraction de l’emploi peut être menée à distance, entre 30 à 50 % selon le rapport. De plus, le travail se fera probablement en alternance entre présentiel et distanciel.
Le télétravail générera-t-il plus de croissance économique ?
Le télétravail peut sûrement impacter positivement la productivité à long terme (de 5 à 30 %), mais cela dépend de la façon dont il sera mis en application. En effet, s’il est adopté sans préparation, il peut entraîner une désorganisation des entreprises et une perte de compétitivité. Son effet sera aussi plus favorable pour les tâches créatives et pour les salariés volontaires.
Risque-t-on de nouvelles délocalisations des emplois avec le télétravail ?
Le télétravail ne conduit pas forcément à de nouvelles délocalisations des emplois selon les rapporteurs. Le vrai risque est plutôt une délocalisation des télétravailleurs nationaux qui sont de plus nombreux à vouloir télétravailler depuis l’étranger. Cela pour des raisons fiscales ou personnelles. Pour l’éviter, il faut mettre en place une politique d’attractivité résidentielle de la France.
Régression ou avancée sociale avec le télétravail ?
D’un côté, le télétravail peut amener de nouveaux risques sociaux, tels que l’inégalité des travailleurs, l’isolement, la perte de motivation, l’augmentation de la charge et du temps de travail… Mais d’un autre côté, il offre de multiples avantages aux salariés, notamment une économie des coûts de transport, meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, développement de l’autonomie des employés…
Va-t-on fuir les villes pour les campagnes ?
Il est encore trop tôt pour connaître les chiffres exacts, mais nombreux seront les télétravailleurs qui quitteront les villes pour les campagnes dans les années à venir. Leur nombre dépend de la manière dont le télétravail sera appliqué. S’il est pratiqué un jour par semaine, le mouvement pourrait être faible.
Notre environnement sera-t-il amélioré ?
L’impact du télétravail sur l’environnement est positif. En réduisant les déplacements, il améliore sensiblement la qualité de l’air, avec une réduction des émissions de CO2 de l’ordre de 1 à 3 %. Par contre, il pourrait causer une augmentation de l’empreinte numérique, des déchets électroniques et des déplacements pour d’autres besoins que le travail.
Allons-nous être trop dépendants des outils informatiques ?
Les télétravailleurs ont besoins d’équipements informatiques performants pour mener avec succès le télétravail. Cependant, cette pratique leur fait courir un double risque : celui de la sécurité informatique et de la dépendance à l’informatique d’entreprise. Les cybercriminels voient le télétravail comme une réelle opportunité pour attaquer le SI de l’entreprise.
Le télétravail engendrera-t-il une révolution culturelle ?
Eh bien oui, la réussite du télétravail doit passer d’abord par une négociation d’une adaptation culturelle entre employeurs et salariés. En effet, les échanges directs dans le monde professionnel vont être dérangés par le travail à distance. Il est donc important d’instaurer un nouveau modèle de management reposant sur la confiance au sein des entreprises.
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