Les limites du tout-télétravail
Avec la pandémie de COVID-19, de nombreuses entreprises ont fait basculer leurs employés en tout télétravail. Ce mode de travail à distance présente des avantages pour l’employeur (réduction des retards, amélioration de la productivité, facilité de recrutement, etc.), mais également pour les salariés (réduction des frais de déplacement, diminution du stress, plus de liberté, etc.). Toutefois, il possède aussi certaines limites.
Télétravail et les types d’emploi adaptés
La première limite du télétravail est qu’il n’est pas adapté à toute activité professionnelle. En effet, des analyses récentes ont montré que seulement près de 40 % des catégories d’emplois peuvent être menées à distance. Il concerne les activités s’effectuant sans avoir besoin d’une présence physique sur le site, d’interagir avec les autres ou d’utiliser des équipements fixes. Parmi ces activités, on peut citer le traitement d’informations, la communication, la comptabilité, le service à la clientèle…
Cette tendance pourrait créer d’inégalité entre les travailleurs au sein d’une entreprise ainsi qu’une stratification sociale.
Télétravail et productivité
Le tout télétravail fait obstacle aux « effets d’agglomération » identifiés par l’économiste Alfred Marshall à la fin du XIXe siècle. Ce terme désigne les possibilités de réaliser des gains de productivité grâce à la concentration géographique des activités. La proximité des entreprises avec leurs homologues permet d’améliorer la productivité entre 3 % et 5 %. En effet, quand les professionnels se croisent, dans la rue, dans un couloir ou en réunion, ils se communiquent et se partagent leurs connaissances. Le fait de basculer en tout télétravail risquerait donc de se priver de cette source importante de gains de productivité. Les échanges d’idées se font majoritairement à travers des échanges physiques et non virtuels. De plus, la communication face à face favorise la création d’un lien de confiance.
Télétravail et le risque de délocalisation
Ayant constaté l’efficacité du télétravail, certaines entreprises pourraient être tentées de délocaliser nombre d’emplois télétravaillables à l’étranger. En effet, dans certains pays, les coûts salariaux sont moins chers. Face à cela, les employés qualifiés locaux risquent alors d’être confrontés à une concurrence accrue venant des télémigrants.
À l’inverse, il y a aussi le risque de délocalisation des télétravailleurs nationaux. En ayant la possibilité d’exercer leur activité depuis n’importe quel lieu, ils sont aussi nombreux à être séduits par le télétravail depuis l’étranger.
Télétravail et management
Le COVID-19 est un accélérateur de la transformation digitale au sein des entreprises. Heureusement, les outils indispensables pour travailler à distance ont été déjà disponibles bien avant la pandémie. Cela a facilité la mise en place rapide du télétravail à 100 %. Mais les entreprises se trouvent aujourd’hui face à de nouvelles problématiques. Il leur est désormais difficile de contrôler ce que les employés font pendant leurs heures de travail. Les entreprises sont donc obligées de charger les modes de management en les basant davantage sur la confiance.
Télétravail et relocalisation
Avec la crise sanitaire et le télétravail, plusieurs familles ont décidé de s’installer à la campagne pour bénéficier d’un meilleur environnement. Cela a engendré des mouvements des prix de l’immobilier. S’ils baissent considérablement dans les centres des grandes villes, ils augmentent dans les périphéries. Les familles ont intérêts à se déplacer dans une région à distance raisonnable de leur lieu de travail, puisque le télétravail sera pratiqué de façon partielle, de 1 à 3 jours par semaine.
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